Quand votre cerveau n’est pas votre ami!

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Concentrez-vous…, concentrez-vous et essayez de ne pas penser à un éléphant rose… Et voilà trop tard, vous y avez pensé! Il est impossible de solliciter le cerveau pour lui demander de ne pas agir puisque précisément on est en train de le solliciter. Une expérience a été menée auprès de personnes qui n’avaient aucun problème de sommeil. Elles se sont allongées dans une pièce et on a promis une forte récompense au premier qui s’endormirait. Chacun ordonna à son cerveau de vite se détendre, de se fermer et de laisser le corps dormir pour toucher la récompense, et plus il essayait et moins cela marchait. Finalement personne ne put dormir.

En aïkido nous avons besoin de corps souples et détendus, respirants et alertes. Mais il est impossible d’obtenir ce résultat en ordonnant à notre cerveau de nous détendre.  Une solution est de se concentrer sur sa respiration, à l’écoute du va et vient du flux respiratoire. Ainsi nous détournons l’attention de notre cerveau et le corps se décrispe. Mais l’intellectualisation de nos mouvements mène à la frustration, seul le corps peut apprendre ce qui est nécessaire à une pratique équilibrée. Ni les émotions, ni l’intellect ne sont nos alliés sur le tatami.

Voilà pourquoi une pratique assidue et sincère des arts martiaux entraîne à se défaire d’une trop forte emprise de notre cerveau sur nos vies. Un art martial non compétitif permet en plus de ne se fixer aucune contrainte de temps, de performance, de réussite. Ainsi le foyer actif de vie peut tranquillement descendre dans le hara plutôt que de rester coincé au niveau de la tête (intellect) ou des poumons (émotions) et tout notre corps s’équilibre.

Qu’est-ce qu’un dojo?

Le Dojo est un lieu d’étude et de pratique où il est possible d’expérimenter et de chercher la voie que proposent les arts martiaux. La recherche de cette voie est un engagement basé sur la constance, la régularité et la sincérité du pratiquant. Tamura Sensei disait qu’il aurait été préférable pour une personne de ne pas commencer l’aïkido, plutôt que de ne pas poursuivre son étude. J’ai souvent pensé à cette phrase et même si je ne l’ai pas tout de suite comprise, je crois aujourd’hui qu’elle est juste.

Étudier l’aïkido entraîne une modification de notre relation aux autres et à nous-mêmes. Notre corps évolue différemment, il s’assouplit, le centre de gravité se renforce, nos pensées et notre énergie s’enlignent de façon cohérente et ainsi un aïkidoka évolue en même temps que son corps et que sa compréhension du monde. Tout ceci est lié à son dojo!

S’inscrire dans un dojo, c’est s’inscrire dans une démarche personnelle. On choisit minutieusement son dojo. Chacun des membres apporte sa différence, ses questionnements, son histoire mais tous travaillent avec une recherche, certes personnelle, mais possible grâce à la diversité et à la sincérité de chacun. Un dojo n’est pas seulement un lieu physique, c’est une énergie collective à laquelle on choisit de participer sous la conduite éclairée d’un plus ancien de qui l’on reconnaît l’expérience et l’enseignement.

Notre dojo est ouvert à la recherche sincère de chacun. Les cours à la carte sont destinés aux cours d’essai ou aux visiteurs exceptionnels. Un dojo ne peut fonctionner que grâce à l’implication et à la constance de ses pratiquants.

L’aïkido, respiration de la vie

Dans la pratique de l’aïkido, le souffle est primordial. Bien sûr il y a le souffle de nos poumons, la libre circulation de l’air, le va-et-vient de l’énergie à l’intérieur de notre corps pour oxygéner les cellules. Bien respirer, de la bonne façon et au bon moment est indispensable à une pratique souple et harmonieuse. Mais la simple respiration physique ne suffit pas. Le flux et reflux qui agit à l’intérieur de nous doit être compris comme une énergie plus grande que nous. La terre tourne, les arbres poussent, les océans dansent leur balais aquatique par le mouvement des marées. L’énergie que le pratiquant utilise dans ses mouvements, s’harmonisant à ceux de son partenaire, ne lui appartient pas vraiment. Il doit se laisser traverser par ce flux tout en veillant à ne pas contracter ses muscles, ne pas marquer de temps d’arrêt, ne pas interrompre le cours des choses, ne pas chercher à enfermer l’énergie dans ses mains, dans ses bras. Même la volonté acharnée de réussir peut créer une crispation inutile et néfaste à la libre circulation du souffle. Tout à coup l’aïkidoka réalise qu’il travaille en apnée, que sa respiration ne suit pas le cours naturel. Alors il faut reprendre, tranquillement, faire descendre la respiration à l’étage ventral et petit à petit, libérer les épaules, les poumons, le plexus… Le corps se décontracte et enfin le souffle prend sa véritable signification.

Bonne année de pratique sur le chemin étroit de l’aïkido

Je pris conscience d’une vérité essentielle : le budo ne vise pas à démettre des adversaires en usant de la force brutale ou en utilisant des armes, ni à détruire le monde en déchaînant des guerres. L’authentique budo cherche à rétablir l’ordre des choses, à favoriser la paix dans le monde, à nourrir et à protéger toute chose.  (…) Vous devez fixer vos pensées sur le vide, transcender la vie et la mort et vous tenir résolument debout au cœur de la vacuité. Tel est le secret du budo. (…) Nul ne peut m’enlever ma force puisque je ne m’en sers pas.

Ueshiba Morihei

La question de la martialité, encore!

Notre discipline est souvent interrogée quant à son efficacité martiale. Les questions proviennent la plupart du temps de pratiquants d’autres disciplines  trouvant à redire sur ce qu’ils perçoivent de l’aïkido sans toutefois le pratiquer. Pour la majorité d’entre elles ces autres disciplines (karaté, Ju Jitsu, Judo, Tae kwon do, boxe…) répartissent leurs pratiquants en catégories de sexe, d’âge, de poids, d’expérience, de grade… ce qui bien sûr est contraire à toute logique martiale. Ces disciplines ont dû au fil de leur histoire abandonner les gestes les plus dangereux et organiser les affrontements sous l’œil vigilant d’un arbitre ou d’un jury. Bien sûr cela est également contraire à toute logique martiale. Leurs affrontements compétitifs souvent longs se terminent avec deux participants en excellente santé, ce qui n’est, avouons-le, pas très martial.

Mais l’essentiel n’est pas là. Chaque discipline propose un univers différent dans lequel les critères d’efficacité sont propres à cette discipline. Tenter d’évaluer une discipline avec les critères d’une autre est un faux procès, une erreur de jugement, une méconnaissance. À 30 ans un pratiquant de MMA est en fin de carrière, celle de l’aïkidoka ne fait que commencer! À 70 ans, l’aïkidoka sera arrivé à une certaine compréhension de son art, où en sera le pratiquant de MMA? Bref, il serait possible de poursuivre à l’infini le ridicule de la comparaison.

Il n’en reste pas moins vrai que la question de l’efficacité martiale reste entière. En aïkido l’efficacité du geste est un guide pour comprendre si les principes fondateurs sont appliqués avec justesse. Si je ne cherche plus à neutraliser mon partenaire alors comment savoir si je suis centré, à la bonne distance…?  Mais ce qui m’intéresse au fond c’est la quête intérieure d’une quiétude, d’une respiration apte à me permettre de gérer toute situation agressante sur le tatami et en dehors. Cette paix intérieure me permet d’incarner la solidité nécessaire pour dissuader toute agression. Et cela ne rentrera jamais dans les travers d’une efficacité martiale envisagée seulement dans le cadre d’une compétition sportive. L’efficacité absolue de l’aïkido c’est la paix intérieure seule capable de créer la paix extérieure et de mettre fin au combat avant même qu’il ne se déclenche. En cela l’aïkido est unique!