«Oui mais tu ferais quoi si…?»

Pourquoi questionner les experts?

Dans de nombreux domaines on rencontre des experts. Des gens qui ont consacré une vie à la connaissance d’un environnement, d’une technique, d’un métier, d’un geste.

Quand on rencontre l’un de ces experts, généralement, on respecte son parcours. On prend conseil et si on lui pose des questions, elles sont en lien avec son champ d’expertise.

Personne ne demanderait à un champion du jeu d’Échecs ce qu’il ferait face à quelqu’un qui utiliserait ses pions selon les règles du jeu de Dames, pourtant un autre jeu de bataille symbolique. La question serait tout à fait inappropriée, personne ne se sentirait intelligent de la poser.

De la même façon, il ne viendrait à l’idée de personne de demander à un maître de la calligraphie ce qu’il ferait si on lui donnait un rouleau. plutôt que le pinceau habituel. Ou à un maître vitrailliste ce qu’il ferait avec un parebrise d’automobile. On ne demande pas à un Papou ce qu’il ferait sur la banquise. Ni à un auteur de haïku japonais comment il composerait une pièce de théâtre en coréen, et ainsi de suite.

En général, les questions concernent les outils, les techniques, les situations et les environnements en lien avec l’expertise du maître que l’on est venu rencontrer.

L’exception des arts martiaux

Il y a pourtant un domaine où cette logique disparaît et beaucoup trouvent cela normal. Une sorte de mauvaise habitude s’est installée dans nos disciplines. Ce qui apparaîtrait ailleurs comme stupide est perçu comme une recherche légitime dans les arts martiaux.

Ainsi, demander à quelqu’un ayant consacré sa vie à l’aïkido ce qu’il ferait face à une immobilisation issue du Jujitsu brésilien est monnaie courante. Interroger un maître de karaté sur ce qu’il ferait face à un champion de Capoeira fait passer la question pour une marque d’intelligence.

Rappelons que l’étude de l’aïkido est une recherche de perfection. Le but n’est pas de terrasser un adversaire, mais de voir comment nous pouvons avancer sur le chemin sans fin de notre art de vivre.

Du contexte découle la perfection du geste

Le fait que nous mesurions notre avancement à l’efficacité de nos techniques n’y change rien. Seulement, aucun geste n’est parfait en dehors de son contexte. Le geste parfait du sabre n’est pas le même que celui du tir à l’arc.

Chaque discipline a son environnement, ses techniques. C’est dans de ce cadre que l’on mène une recherche vers la perfection du geste et l’amélioration de ses qualités personnelles.

Interroger un expert sur des connaissances exogènes, sur comment il gèrerait les éléments d’un autre contexte, d’une autre étude, d’un autre art ce serait demander à un prof d’Espagnol ce qu’il ferait avec un texte en Allemand sous prétexte qu’il est professeur de langue.

Si donc demander à un maître de Iaido ce qu’il ferait face à un fouet, une sarbacane ou un 44 Magnum est hors cadre, pourquoi cela serait-il pertinent dans le reste des arts martiaux?

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *