Aïkido et technique

L’apprentissage de l’aïkido est un processus complexe. Un adage dit qu’il faut effectuer une technique 10 fois pour la retenir, 100 fois pour la réaliser avec fluidité et 1000 fois pour en comprendre l’essence et l’utilité. Pour un débutant il est normal d’observer le geste montré par le professeur et de chercher à le reproduire à l’identique. Dans les débuts de son apprentissage on ne perçoit souvent que la dimension technique, la partie réalisée, la forme de l’aïkido et l’on cherche à répéter ce que le professeur à montré.

Petit à petit, on perçoit des dimensions énergétiques, humanistes voire spirituelles de la technique. On comprend également que l’aïkido du professeur ne représente qu’une infime partie de ce qu’il y a à découvrir et que le but de la pratique n’est pas de copier l’aïkido du professeur mais de développer sa propre compréhension de l’art en fonction de son physique, sa personnalité, son tempérament sans toutefois trahir les principes universels qui régissent l’aïkido.

En résumé, s’il est normal de s’attarder, de corriger, de faire les réglages techniques permettant de réaliser un mouvement, rapidement l’aïkidoka doit se concentrer sur son travail intérieur, son shisei, son souffle, sa disposition mentale, sa fluidité. En cela le bavardage, l’analyse technique, l’intellectualisation de son mouvement ou de celui de l’autre créent une distance qui ne peut véritablement permettre de progresser. La recherche de son art est un travail intérieur, solitaire, personnel, en relation avec les autres, mais propre à chacun. Voilà pourquoi, traditionnellement, seul le bruit des chutes venait troubler le silence et la recherche des membres du dojo.

Toujours se tenir prêt

Il n’y a pas de garde à proprement parler en aïkido. Ce qui compte est la disponibilité. Nous cultivons donc le Mu Kamae, l’art d’être disponible sans paraître. Notre ennemi n’est pas celui qui nous attaque, notre ennemi c’est ce qui nous divise au point que lui soit venu l’idée de m’attaquer. La tentation de la division est aussi présente en moi et je dois faire en sorte qu’elle soit remplacée par le sentiment d’unité, l’harmonie qui ne fait qu’un. Ce n’est donc pas en me mettant en garde, dans la position agressive de celui qui va s’opposer à l’énergie de mon partenaire que je pourrai cultiver cette harmonie. Mon kamae est donc présent mais transparent, détendu, disponible, je ne suis pas en garde, je prends garde, et nul ne doit savoir si je suis en train de penser, si je me prépare à recevoir ou à donner une attaque. Je remplis l’espace d’une présence tranquille. Et cela commence dès l’entrée sur le tatami.

Quand votre cerveau n’est pas votre ami!

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Concentrez-vous…, concentrez-vous et essayez de ne pas penser à un éléphant rose… Et voilà trop tard, vous y avez pensé! Il est impossible de solliciter le cerveau pour lui demander de ne pas agir puisque précisément on est en train de le solliciter. Une expérience a été menée auprès de personnes qui n’avaient aucun problème de sommeil. Elles se sont allongées dans une pièce et on a promis une forte récompense au premier qui s’endormirait. Chacun ordonna à son cerveau de vite se détendre, de se fermer et de laisser le corps dormir pour toucher la récompense, et plus il essayait et moins cela marchait. Finalement personne ne put dormir.

En aïkido nous avons besoin de corps souples et détendus, respirants et alertes. Mais il est impossible d’obtenir ce résultat en ordonnant à notre cerveau de nous détendre.  Une solution est de se concentrer sur sa respiration, à l’écoute du va et vient du flux respiratoire. Ainsi nous détournons l’attention de notre cerveau et le corps se décrispe. Mais l’intellectualisation de nos mouvements mène à la frustration, seul le corps peut apprendre ce qui est nécessaire à une pratique équilibrée. Ni les émotions, ni l’intellect ne sont nos alliés sur le tatami.

Voilà pourquoi une pratique assidue et sincère des arts martiaux entraîne à se défaire d’une trop forte emprise de notre cerveau sur nos vies. Un art martial non compétitif permet en plus de ne se fixer aucune contrainte de temps, de performance, de réussite. Ainsi le foyer actif de vie peut tranquillement descendre dans le hara plutôt que de rester coincé au niveau de la tête (intellect) ou des poumons (émotions) et tout notre corps s’équilibre.

Qu’est-ce qu’un dojo?

Le Dojo est un lieu d’étude et de pratique où il est possible d’expérimenter et de chercher la voie que proposent les arts martiaux. La recherche de cette voie est un engagement basé sur la constance, la régularité et la sincérité du pratiquant. Tamura Sensei disait qu’il aurait été préférable pour une personne de ne pas commencer l’aïkido, plutôt que de ne pas poursuivre son étude. J’ai souvent pensé à cette phrase et même si je ne l’ai pas tout de suite comprise, je crois aujourd’hui qu’elle est juste.

Étudier l’aïkido entraîne une modification de notre relation aux autres et à nous-mêmes. Notre corps évolue différemment, il s’assouplit, le centre de gravité se renforce, nos pensées et notre énergie s’enlignent de façon cohérente et ainsi un aïkidoka évolue en même temps que son corps et que sa compréhension du monde. Tout ceci est lié à son dojo!

S’inscrire dans un dojo, c’est s’inscrire dans une démarche personnelle. On choisit minutieusement son dojo. Chacun des membres apporte sa différence, ses questionnements, son histoire mais tous travaillent avec une recherche, certes personnelle, mais possible grâce à la diversité et à la sincérité de chacun. Un dojo n’est pas seulement un lieu physique, c’est une énergie collective à laquelle on choisit de participer sous la conduite éclairée d’un plus ancien de qui l’on reconnaît l’expérience et l’enseignement.

Notre dojo est ouvert à la recherche sincère de chacun. Les cours à la carte sont destinés aux cours d’essai ou aux visiteurs exceptionnels. Un dojo ne peut fonctionner que grâce à l’implication et à la constance de ses pratiquants.