Omote-Ura

Revenons sur ces notions passablement complexes que sont Omote et Ura. Il faut d’abord faire un petit détour par la pensée chinoise. Notre habitude occidentale a tendance à la résumer à une penser binaire, comme si Yin et Yang étaient des opposés. Il y a ce qui est Yin d’un côté et ce qui est Yang de l’autre. C’est très réducteur comme nous allons le voir. L’idéogramme japonais de paysage est symbolisé par les monts verticaux et les rivières qui en découlent. Il ne s’agit pas d’opposer ce qui monte et ce qui descend, mais de comprendre qu’entre eux mais aussi entre le solide et le liquide, l’opaque et le transparent, le silencieux et le chantant existent le vide médian à l’origine de toutes les possibilités. Contempler un paysage revient donc à contempler l’infinie des possibles qui le constitue. La pensée japonaise héritée de cette tradition n’est donc pas binaire, mais ternaire en ajoutant aux pôles dynamiques ce vide médian originel.

En aïkido, Ura et Omote désignent à la fois ces deux pôles dynamiques et aussi le vide médian qui offrent toutes les variantes, toutes les dimensions, toutes les possibilités d’un geste technique. Il est donc réducteur de dire qu’un mouvement a deux formes et qu’il doit être réalisé soit d’une façon soit d’une autre. Ce serait comme dire qu’il n’y aurait que les extrêmes d’une pensée, d’une philosophie, d’un point de vue, noir ou blanc. Alors que le nuancier de gris constitue toute la richesse, toute l’adaptation dynamique et créatrice qui fait de notre art une discipline exceptionnelle. Point de kata, de situation figée et répétitive, chaque instant, chaque mouvement, chaque seconde est différente et se situe quelque part dans l’interaction qu’offre la dynamique Omote-Ura

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